jeudi 30 janvier 2014

Fiche de lecture n°3


Fiche n°3
Antonopoulou Lila et Targoutzidis Antonis, « Évaluation économique de la prévention pour la santé et la sécurité au travail : la pertinence de l'analyse coût-bénéfice », Santé Publique, 2010/1 Vol. 22, p. 23-35.


Avis : Article présentant les principales caractéristiques de l'ACB.

Imputation au plan de l'ouvrage
N°IC
Idées clés
P 24
HE1
Les individus s’exposent à des risques et subissent les conséquences d’une perte de santé en échange d’un bénéfice financier (salaire).
P 24
HE1
L’aspect économique de la santé et de la sécurité au travail s’est ainsi développé à deux niveaux : au niveau microéconomique qui inclut l’entreprise et au niveau macroéconomique, qui se réfère à la société dans son ensemble.
Le choix d’une méthode appropriée est une question cruciale pour l’évaluation économique des programmes de santé et de sécurité au travail à ces deux niveaux.
P 24
HE2
L’analyse coût-bénéfice (ACB), définie par Drummond comme la méthode qui permet le calcul en termes monétaires des coûts et des résultats de chaque action alternative. Elle permet une estimation de la valeur des ressources dépensées par chaque programme en comparaison avec celle des ressources qui pourraient être économisées ou créées.
P 25
HE3
Les bénéfices non économiques peuvent avoir un impact sur les individus liés à l’entreprise mais ils ne concernent ni l’entreprise elle-même ni ses objectifs. Ainsi, seuls les bénéfices économiques en rapport avec la santé peuvent être pris en compte dans l’évaluation faite par l’entreprise.
P 25
HE2
Dans l’économie de la santé, les méthodes existantes sont les suivantes :
– analyse de minimisation du coût ;
– analyse Coût-efficacité (ACE) ;

– analyse Coût-utilité (ACU) ;

– analyse Coût-bénéfice (ACB).
La méthode ACB est très répandue mais elle est aussi fortement contestée, à cause de l’attribution d’une valeur monétaire à la santé et à la vie humaine (VVH) qu’elle impose.
P 26
HE2
La bibliographie fait une large place à la critique de son (méthode ABC) aspect scientifique («comptabiliser quelque chose d’aussi immatériel que la souffrance, la maladie et la mort est une science inexacte »)
Carcoba A. Whose costs? Who benefits? OSHA; 1999. [cité le 26 juin 2009].
P 26




HE3
« La méthode ACB peut offrir une contribution utile à la santé et à la sécurité au niveau d’une seule entreprise »
Tudor O. Strengths and Weaknesses. OSHA; 2005. [cité le 26 juin 2009].
P 26




HD1
Les coûts pour l’entreprise ne sont pas nécessairement des coûts pour la société et réciproquement.
Dorman P, Hangstrom P. Compensating Wage Differentials for Dangerous Work Reconsidered. Industrial and Labor Relations Review 1998;52(1):116-35.
P 26




HD1
L’influence du temps : « la valeur de la santé peut changer suivant les évolutions politiques et morales, plus difficiles à prévoir que les évolutions économiques »
Tudor O. Strengths and Weaknesses. OSHA; 2005. [cité le 26 juin 2009].
P 27

HE2
le problème primordial qui se pose à propos de la méthode ACB est l’attribution d’une valeur en termes monétaires à la vie humaine. Trois approches existent : les préférences déclarées, les préférences révélées et le capital humain.
P 27

HE2
Préférences déclarées
L’approche selon les préférences déclarées se fonde sur les individus et tente d’évaluer la valeur qu’ils attribuent à leur vie et à leur santé par le biais d’un échange financier qu’ils accepteraient en cas de risques précis. Cette estimation s’effectue au moyen de questionnaires qui s’appuient sur :
– le consentement à accepter (WTA) ;
– le consentement à payer (WTP).
Le principal avantage de cette méthode est qu’elle se fonde sur des choix réels, qui s’expriment clairement à propos d’un risque précis pour la vie ou pour la santé.
Tudor O. Strengths and Weaknesses. OSHA; 2005. [cité le 26 juin 2009]. 
P 27

HE2
L’extériorisation du coût : « Il s’agit de l’opinion des travailleurs sur ce que devraient payer les employeurs pour la prévention d’un risque qu’ils peuvent eux seuls contrôler »
Tudor O. Strengths and Weaknesses. OSHA; 2005. [cité le 26 juin 2009]. 
P 27
HE2
Préférences révélées
Un avantage de cette méthode réside dans le caractère réel et non hypothétique des préférences individuelles qu’elle utilise mais cette méthode comporte aussi des inconvénients dont :
– Les imperfections du marché du travail (faible connaissance des risques)
Folmer H, van Ireland E. Valuation methods and policy making in environmental economics. New York: Elsevier; 1989.
P 28
HE2
Capital humain
L’approche du capital humain envisage la santé comme un investissement permettant d’augmenter la capacité de production et de gains. La prévention est aussi un investissement en capital humain et elle est évaluée en tant que telle sur la base du salaire qui serait perdu si le travailleur tombait malade. En d’autres termes, le coût social de la vie humaine ou de la perte de santé est estimé par le biais des salaires perdus que la victime aurait touchés si elle était encore en vie et en pleine santé.

P 28
HD1
L’attribution d’une valeur à la santé au moyen des salaires soulève d’assez nombreux problèmes. L’un des plus importants est les imperfections du marché du travail, comme le chômage, la flexibilité, etc.
P 29
HE2
Un autre inconvénient sérieux de cette méthode est la pertinence du salaire comme mesure de la valeur de la vie humaine.
FayadR, NuwayhidI, TamimH, KassakK, KhogaliM.CostofWork-relatedInjuriesinInsuredWorkplacesin Lebanon. Bulletin of the World Health Organisation 2003;81(7):509-16. [cité le 26 juin 2009].
P 29



HE2
Malgré ses faiblesses, le capital humain est encore l’approche dominante pour l’estimation du coût des maladies et des traumatismes, principalement parce qu’elle est la plus fiable et la plus fondée théoriquement des approches alternatives.
Leigh JP, McCurdy A, Schenker MB. Costs of Occupational injuries in Agriculture. Public Health Reports, 2001;116(3):235-48.
P 29



HP2
Malgré ses faiblesses, l’ACB reste la méthode la plus répandue dans l’économie de la santé et de la sécurité au travail.
P 29



HE2
On a également soutenu que même là où elle est rejetée, la comparaison des coûts et des avantages se fait inconsciemment dans l’esprit de ceux qui prennent les décisions.
Johanson U, Johren A. The Practice of CBA at Company Level at Sweden. Dans: OSHA. Magazine 1 - Health and safety at work - A question of costs and benefits? Luxemburg, Office for Official Publications of the European Communities; 1999. [cité le26 juin 2009]. 
P 30
HD4
Lind : « ce n’est pas tant le coût de la sauvegarde d’une vie qui vaut une certaine somme de dollars que le coût du dollar qui correspond à une certaine durée de vie »
Lind N. Social and Economic Criteria of Acceptable Risk. Reliability Engineering and System Safety 2002; 78:21-5.
P 30
HD4
Toutes les méthodes supposent un lien étroit entre santé et avantage économique, qui ne correspond pas toujours à la réalité. Par exemple, les individus prennent des risques (consommation d’alcool ou de tabac, vitesse excessive, etc.) sans aucun avantage économique. Dans certains cas aussi, la société exige une attribution de ressources disproportionnées par rapport au nombre de vies sauvées, à cause de caractéristiques particulières (maladies infantiles rares, victimes de catastrophes, etc.). Biddle commente ainsi : « on peut soutenir que tous les risques mortels ne représentent pas la même perte d’utilité ».
Biddle EA. The Economic Cost of Fatal Occupational Injuries in the United States [thèse]. West Virginia University; 2001.
P 30
HD4
L’approche psychométrique a débuté avec le travail de Fischhoff et al. à l’université de l’Oregon.
Fischhoff B, Slovic P, Lichtenstein S, Read S, Combs B. How Safe is Safe Enough? A Psychometric Study of Attitudes Towards technological Risks and Benefits. Policy Sciences 1978;9:127-52.
P 30
HD4
La société semble plus sensibilisée ou (en termes de répartition des ressources) plus disposée à consacrer davantage de ressources à la prévention des risques quand l’exposition au risque paraît injuste.
P 31
HD4
La société est plus sensible aux catastrophes inhabituelles et massives qui influencent simultanément la vie ou la santé de nombreux individus (surtout d’une façon inhabituelle) qu’aux mêmes pertes qui apparaissent progressivement au cours de l’année (accidents de la route par exemple).
P 32
HD4
De nombreux travaux citent séparément le niveau de l’individu isolé mais dans ce cas, l’influence des caractéristiques individuelles (caractère, état de santé, statut familial, etc.) est déterminante et s’écarte donc du cadre de notre travail.
Andreoni D. The Cost of Occupational Accidents and Diseases. Occupational Safety and Health Diseases. Geneva: International Labour Office, 363.11 ILO OSHS 54; 1986.
Dorman P. The Economics of Safety, Health and Well-Being at Work: An Overview, InFocus Program on SafeWork, International Labour Organisation. The Evergreen State College; 2000. [cité le 26 juin 2009].
P 32
HP2
Au niveau de l’entreprise, la méthode ACB est la plus appropriée et ne pose pas la question du choix d’une approche convenable pour l’attribution de valeurs financières aux issues de santé, puisque celles-ci ne sont pas du tout soumises au calcul.

P 32
HD4
Au-delà des questions de santé et des caractéristiques démographiques, certains paramètres sociaux, comme la justice, l’impact des effets et les caractéristiques de la société que fait apparaître l’approche psychométrique, doivent être pris en compte.
P 32
HE2
Le principal paramètre régulateur est l’«intériorisation» du coût (c’est-à-dire le transfert du coût aux entreprises) au moyen d’une intervention régulatrice de l’État (soit par le biais de la législation, soit grâce à l’intensité de son application).
Dorman P. The Economics of Safety, Health and Well-Being at Work: An Overview, InFocus Program on SafeWork, International Labour Organisation. The Evergreen State College; 2000. [cité le 26 juin 2009].
P 32
HP5
Là où les mesures de prévention sont rentables pour les entreprises, une information sur l’application correcte de la méthode ACB s’impose pour révéler les bénéfices de l’investissement.
Ministry of Social Affairs and Health Department for Occupational Safety and Health Finland; 1999. [cité le 26 juin 2009].