Bonjour, aujourd'hui je vous présente le mémoire que j'ai réalisé au cours de mon année universitaire de master 1 "Management des équipes et qualité" (Centre EUGINOV - IAE Lyon).
Ci dessous vous trouverez un résumé de ce dernier, et le texte en intégralité est disponible ici : Mémoire dans son intégralité (format PDF)
RÉSUMÉ
DU MÉMOIRE DE MASTER 1
Management des Équipes et Qualité
ANNÉE UNIVERSITAIRE 2013-2014
Recherche de synergies entre
management des risques professionnels et management socio-économique.
Cas du Document Unique d'une entreprise de stockage
frigorifié.
Présenté et soutenu par :
Georges
CABARET
Le 2 juillet 2014
Introduction
Toutes
les 15 secondes, 160 travailleurs sont victimes à travers le monde d'un
accident lié au travail [1]. Le
coût humain de cette menace quotidienne est considérable et on estime que le
fardeau économique des mauvaises pratiques de sécurité et santé au travail représente,
tous les ans, 4% du produit intérieur brut mondial.[2]
J’ai pu observer lors de mon
expérience professionnelle de cette année, en alternance au sein d'une
entreprise de stockage frigorifié dans la région lyonnaise, que les méthodes
actuelles d'analyse des risques professionnels (seule analyse de risques
formalisée dans mon entreprise) ne permettent pas aux décideurs d'évaluer les
impacts financiers liés aux dysfonctionnements.
Il y a d’une part l’obligation
réglementaire pour la direction d’analyser les risques d’accidents, et d’autre part l’intérêt de ne pas avoir une tarification trop élevée des risques
d’accidents du travail et des maladies professionnelles par la CNAM [3]. Ces deux
objectifs ne prennent cependant pas en compte l’ensemble des coûts supportés
par l’entreprise lors d’un accident du travail, comme par exemple la nécessité
de remplacement, la baisse de production, etc. Dans ce contexte, comment
améliorer les méthodes d'analyse des risques et développer leur utilisation par
les acteurs?
Les principes de la méthode de
management socio-économique, développée par Henri Savall et le laboratoire de
recherche ISEOR, peuvent permettre d'apporter des éléments de réponses. Cette méthode a pour but d’améliorer la compatibilité
des objectifs économiques et des objectifs sociaux des entreprises et
organisations. La démonstration repose sur le calcul des coûts et performances
visibles et cachés liés à des variables de performances sociales."[4]
Nous
essaierons, à travers ce mémoire, d'étudier l'apport de la prise en compte des
coûts et performances cachés dans l'analyse des risques professionnels de mon
entreprise, l'impact qu’il peut avoir sur la perception des risques par les
acteurs et la valeur ajoutée ou non dans les prises de décisions concernant les
actions de maîtrise des risques.
Notre
sujet d'étude se limitera à l'Analyse des risques professionnels (ARP) de cette
entreprise, qui est réalisée par le CHSCT et traduite dans le document unique
de l'entreprise, sous la responsabilité de l’employeur [5].
À partir de ce matériel « terrain », nous montrerons dans un premier
temps les possibles synergies entre management socio-économique et management
des risques (voir également l'annexe 1 qui présente mon raisonnement de façon
schématique), puis l'actualisation du document unique de l'entreprise avec la
prise en compte de l'apport de la théorie socio-économique, avant de proposer
un bilan intermédiaire de cette association de méthodes et les possibles pistes
de maîtrise des risques qui en découlent.
1. Synergie entre management socio-économique et management des risques professionnels
Dans
cette partie, vous pourrez observer les synergies théoriques entre les deux approches.
L'objectif ici étant de valider l'hypothèse d'une association possible entre
les deux types de management du point de vue des prérequis.
1.1.
Un contexte
commun propice au rapprochement d'idées
Dans
un contexte d'amélioration des conditions de travail, l’approche
socio-économique des conditions de vie au travail et le management des risques
sont tous les deux des approches holistiques et intégrantes.
L’approche
socio-économique pose le sujet des conditions de travail et de son amélioration
au centre de ses réflexions. Elle propose en effet un modèle
"bio-systémique" des organisations, c’est-à-dire une théorie qui
prend en compte la dynamique des interactions permanentes entre les structures
et les comportements. Ces interactions constituent aussi bien une force
nécessaire à la production de biens et de services, qu’une source de
dysfonctionnements. L'approche socio-économique propose de classer ces
dysfonctionnements en six catégories :
Les
dysfonctionnements dus aux conditions de travail,
- Les dysfonctionnements dus à l’organisation du travail,
- Les dysfonctionnements dus à la communication-coordination-concertation,
- Les dysfonctionnements dus à la gestion du temps,
- Les dysfonctionnements dus à la formation intégrée et
- Les dysfonctionnements dus à la mise en œuvre de la stratégie.
Par
une relation de causalité, le modèle socio-économique associe les conditions de
travail non seulement à un aspect qualitatif ou quantitatif mais également
financier.
Le
processus de management des risques peut être résumé, comme proposé par Octave
NGUÉNA, dans son ouvrage « Management des risques » en Quatre
étapes : Identification, Valorisation Traitement et Suivi des risques
(IVTS). Nous voyons bien à travers cette définition, notamment grâce à sa
capacité de généralisation à toute étude de risques, le caractère holistique et
intégrant de la méthode.
La théorie
socio-économique propose quant à elle un processus d’innovation se décomposant
en quatre phases, le diagnostic, le projet, la mise en œuvre et l’évaluation.
Ces deux théories sont aussi
convergentes sur la nécessité de placer le facteur humain au coeur de la prise
de décision. L'application des principes de la théorie socio-économique
requièrt une acceptation du postulat suivant : "le potentiel humain est le
seul facteur ACTIF créateur de valeur ajoutée". Cette prérogative est transposable
au management des risques, car le passage d'une situation à risques à une
situation d'opportunités ne peut se faire que par une évolution de la
perception des individus, nécessitant une amélioration des connaissances de la
situation. Ainsi, le facteur humain, est le seul facteur actif, par sa capacité
d'apprentissage, créateur d'opportunités.
1.2.
La
matérialisation des risques
La
plupart des théories et cadres conceptuels concernant les risques se
différencient par le vocabulaire utilisé. Suzanne BISAILLON, dans une
présentation de 2012 à destination des étudiants de Polytechnique[6],
dénombre 269 définitions différentes concernant les termes utilisés en
management du risque pour 15 cadres conceptuels recensés. Cette difficulté
sémantique est également révélée par l'existence de deux écoles concernant la
notion de risque, l'école dite moderniste et l'école dite du "roman
nautique"[7]. La
confusion autour de la notion de risque et de la notion de danger témoigne de
ce malentendu sémantique. Les cindyniques sont la plupart du temps présentés
comme les sciences qui étudient les risques. Or ce néologisme, qui a été
introduit lors d'un colloque tenu à la Sorbonne en 1987, provient du grec
"kíndunos" qui signifie danger.
Les
risques sont des éléments hypothétiques. Mais ils peuvent être objectivés, et
le processus de modélisation des risques permet d'améliorer la qualité, voire
la quantité, des informations relatives aux risques et donc d'accroître les
capacités de prise de décision des acteurs. Les travaux de Thomas Bayes
(1702-1761), et notamment la définition du processus de gestion des connaissances
(définition et quantification des scénarios de risques), ont été fondamentaux
du fait qu'ils ont permis de démontrer que la perception des risques est dépendante
de la connaissance.
On
note de plus qu’il existe un certain consensus autour de la "matrice
criticité "[8].
Cette dernière est largement utilisée pour cartographier les risques. La
cartographie des risques est une représentation synthétique et globale des
risques hiérarchisés selon les critères de l'entreprise.
Un
des principes fondamental de la théorie socio-économique est l'analyse des
coûts liés aux dysfonctionnements, notamment des coûts cachés [9]. L’analyse des coûts et performances cachés
appliquée aux risques est un modèle conditionnel de matérialisation de ces
derniers, car cette analyse socio-économique permet d'objectiver une partie des
estimations classique des risques (estimation de fréquence de survenance,
estimation de la gravité). De plus, un des intérêts à appliquer cette analyse
des coûts et performances réside dans sa capacité à améliorer les prévisions,
notamment en termes budgétaires, des acteurs de l'entreprise.
Un autre avantage à associer des
estimations de type financier à celles de type qualitatif et quantitatif réside
dans la possibilité de tester ("stresser") des hypothèses afin
d'identifier un maximum de scénarii avec une fiabilité améliorée.
Ainsi, le management
socio-économique permet d'améliorer la matérialisation des risques.
1.3.
L'importance du
retour d'expérience : l'analyse des accidents du travail
Toute
évaluation de risques comporte une forme de subjectivité. Le retour
d'expérience doit donc reposer, au maximum, sur des fait tangibles et détaillés
pour éviter les erreurs de représentations mentales individuelles comme
collectives. Nous nous focaliserons sur les accidents du travail qui sont
tracés dans les entreprises. Si ces accidents ont été suffisamment caractérisés
et analysés, leur contribution à l'analyse de risques peut être un réel
avantage. Ils sont des « écarts » par rapport au fonctionnement
souhaité par l'entreprise et un frein à son développement stratégique. Ce sont
donc des dysfonctionnements. Le management socio-économique montre que ces
écarts proviennent de l'interaction entre les structures de l'entreprise et les
comportements humains[10]. La théorie socio-économique a identifié six grandes
familles de dysfonctionnements qui ont permis d'identifier cinq catégories
principales de coûts cachés, dont les accidents du travail. La théorie
socio-économique propose une méthode d'évaluation de ces coûts à travers une
évaluation scientifique qui requiert une somme importante d'informations pour
pouvoir caractériser et estimer ces coûts.
Si
nous partons de l'axiome qui consiste à ce qu'un risque et un dysfonctionnement
sont la même chose mais dans un espace temps différent, constituer une base de
donnée des accidents du travail, des "presque-accidents" ou des
dysfonctionnements passés, permettrait d'apporter des éléments tangibles afin
d'analyser les risques à venir ou les dysfonctionnements futurs.
En
prenant en compte ces éléments, j'ai réalisé un retour d'expérience des
accidents du travail l’établissement de Corbas, sur une période de six années,
de 2008 à 2013 (annexe 2). Ayant une base de données des accidents du travail
constituant un retour d'expérience exploitable, j'ai axé mes efforts sur le
document unique. Celui-ci fige, en effet, l'analyse des risques professionnels
de toute entreprise, coeur de mon sujet d'étude.
2. Un instrument obligatoire et central : le Document Unique
Le document
unique est une obligation pour l'employeur (Article R.4121-1 " L'employeur transcrit et met à jour dans un
document unique les résultats de l'évaluation des risques pour la santé et la
sécurité des travailleurs à laquelle il procède en application de l'article L.
4121-3").
2.1. Qu'est-ce
qu'un document unique?
Outre
l'obligation législative, le document unique c'est cinq grands principes à
respecter : engagement du chef d'entreprise, choix des outils pour
l'évaluation, s'organiser pour être autonome dans sa démarche, associer les
salariés à la démarche et décider des actions de prévention à mettre en place.
2.2. Le
document unique suffisamment efficace : un constat à dresser
Voilà
près de 13 ans que le document unique est instauré en France (décret n°
2001-1016 du 5 novembre 2001) et les résultats concernant l'appropriation et la
maîtrise des risques professionnels dans les entreprises, sont à relativiser.
On notera néanmoins une évolution importante et bénéfique : l'évaluation
des risques professionnels et sa formalisation dans le « document
unique » ont considérablement modifié l’approche de la prévention. L’ARP a
contribué à sortir de la logique
accident/réparation et à développer la prévention dite « primaire », qui
consiste à éviter le risque ou tout au moins à réduire sa probabilité de
survenance. En cela, le document unique constitue le socle de la démarche de
prévention en entreprise. Toutefois, ces résultats positifs sont à relativiser
compte tenu des disparités qui peuvent exister entre TPE/PME et Grandes
Entreprises[11].
2.3. De
l'instrument obligatoire à l'outil d'aide à la prise de décision
Encore
un certain nombre d'employeurs voient dans l'analyse des risques une obligation
plus qu'une opportunité. Par une intégration de la dimension financière à
l'évaluation des risques, nous allons voir que l'analyse des risques
professionnels peut être source de performance interne dans l'entreprise. Pour
ce faire, nous devons suivre les cinq étapes de la méthodologie testée sur mon cas de recherche
(les risques professionnels de l'établissement de Corbas).
Méthodologie
utilisée pour estimer la dimension financière des risques professionnels
La
première étape fait intervenir les informations issues du retour d'expérience
des accidents du travail. La seconde consiste à faire la jonction entre le
retour d'expérience et l'analyse des risques professionnels (les
caractérisations des accidents du travail de mon entreprise soulignent les
risques qui n'ont pas été maîtrisés et qui sont à l'origine de l'accident. Or
ces risques ne sont pas les mêmes que dans le document unique, d'où la
nécessité d'harmonisation). C'est au sein de la troisième étape qu’interviennent
les principes de la théorie socio-économique pour estimer les coûts liés à un
accident du travail. Vous trouverez ci-dessous la synthèse des résultats
obtenus sur le périmètre de recherche pour l'année 2013 :
Rubriques
|
Descriptions
|
Coût en Euros (2013)
|
Coûts visibles
|
Indemnités
journalières supportées par l'entreprise
|
9070,53 €
|
Coûts liés aux remplacements
|
16090,59 €
|
|
Coûts cachés
|
Coûts liés à la non production
|
94521,13 €
|
Coûts liés à la caractérisation et à
la déclaration de l'AT
|
3997,28 €
|
|
Coût total
|
123679,55 €
|
|
Coût d'un jour d'AT
|
446,50 €
|
Évaluation des coûts des accidents du travail en 2013
(établissement de Corbas)
L'étape
4 consiste à pondérer économiquement chaque catégorie d'accident de travail, et
pour ce faire, nous confrontons les informations issues du retour d'expérience, qui nous
donnent la moyenne de jours de travail perdus par catégorie d'accidents du
travail sur une période de six ans, et le coût "complet" d'un jour
d'accident du travail. Prenons un exemple, les accidents du travail dus aux chutes/dénivellations.
Le retour d'expérience nous informe que sur la période de 2008 à 2013, le
nombre de jours de travail perdus en moyenne par an est de 22,375 jours. Nous
savons désormais qu'un jour d'accident du travail représente un coût de
446,50€, il nous suffit donc de multiplier ces deux données pour connaître le
coût de la famille "chute/dénivellation".
Il est ici de 9990,36€ (22,375 x 446,50). Ce montant, grâce à la deuxième étape
peut être associé à certains risques
identifiés dans le document unique. Il est alors considéré comme le coût de
survenance des risques en question. Pour être clair, le risque "1.1.1. Chute de plain-pied" (document
unique) peut entraîner un accident du
travail catégorisé "chute/dénivellation", et donc coûter, selon notre estimation, 9990,36€. La
dernière étape de la méthodologie que
j'ai utilisée consiste à calculer le coût de maîtrise de chaque risque
professionnel. Pour cette étape, nous faisons intervenir une information pas
encore utilisée : le coefficient de réduction des risques. Ce coefficient
attribué à chaque risque professionnel par consensus du CHSCT permet de
connaître le niveau de maîtrise actuel de chaque risque. Elle se concrétise par
une échelle d'évaluation de la réduction du risque[12]. Prenons le même exemple que précédemment pour
illustrer cette étape : le risque "1.1.1.
Chute de plain-pied" correspond à un coût de survenance de 9990,36€ et
son coefficient de réduction est de 75%. Pour que ce risque devienne tolérable[13],
il reste 25% de réduction à gagner (fiabiliser et systématiser les systèmes de
protection des chutes). Le coût de maîtrise est ici de 25% des 9990,36€, soit
2497,59€.
Ainsi,
les risques identifiés dans le document unique de mon entreprise sont
caractérisés par la fréquence, et le rapport entre le coût de survenance et le
coût de maîtrise (principe de l'Analyse Coût/Bénéfice [14]
permettant de prioriser les actions de maîtrise des risques). Dans l'exemple
précédent du risque "1.1.1. Chute de
plain-pied", l'entreprise peut investir 7 492,77€ tout en étant
dans une situation d'optimisation financière. Toutefois,
il est reconnu que certaines actions de maîtrise des risques ne sont pas
"économiquement rentables" mais qu’elles sont "socialement
nécessaires" voir "éthiquement indispensables". Il en est ainsi
pour certains risques professionnels tels que le risque lié à l'utilisation de
produit dangereux pour l'Homme. Dans ce cas, l'entreprise doit pouvoir
financier la réduction du risque quel que soit le prix.
3. Performance interne et maîtrise des risques : levier de croissance durable
Pour
respecter les obligations législatives (article L 230-2 du code du travail),
l'employeur a tout intérêt à mettre en place un programme de maîtrise des
risques professionnels.
3.1. Programme
de maîtrise des risques professionnels : entre protection et prévention
Le
programme de maîtrise des risques doit comporter deux familles d'actions : les
actions de prévention, qui agissent sur la fréquence des risques, et les
actions de protection, qui agissent sur la gravité de ces mêmes risques. Une
des premières pratiques à mettre en œuvre à travers le programme de maîtrise
des risques pour assurer l'adéquation avec la politique générale de
l'entreprise et l'organisation déjà en place est de réaliser un diagnostic.
Pour ce faire, et c'est ce que je vais recommander dans mon entreprise, nous
pouvons utiliser la grille d'auto-analyse "Gestion de la santé et de la
sécurité au travail dans l'entreprise"[15], outil informatique proposé gratuitement par l'INRS.
De plus, pour répondre au besoin de
sécurité [16]
des acteurs, l'ensemble des acteurs de la maîtrise des risques professionnels
doivent augmenter leurs connaissances en prévention. L'INRS propose pour cela
une autoformation à distance de 20h en quatre modules[17], prise à sa
charge, qui peut être réalisée sur le lieu de travail comme à distance.
L'objectif de cette autoformation est d'acquérir des connaissances de base en
santé et sécurité au travail et de s'initier aux méthodes indispensables pour
participer activement à l'analyse des risques professionnels. Cette "mise
à niveau" permettrait un gain de temps et d'efficacité dans la mise en œuvre
des actions de maîtrise des risques. De plus, il serait judicieux de constituer
une base de données de documents spécifiques aux risques identifiés dans le
document unique, permettant, de façon rapide (en réunion par exemple), d'avoir
accès à des connaissances scientifiques fiables permettant de prendre des
décisions fondées.
Le
travail d'identification, de hiérarchisation et de prévention des risques est
similaire à une colonne vertébrale. Nous proposons ci-dessous une illustration
de l'articulation de la prévention, avec en rouge les vertèbres actuellement
manquantes de l'entreprise où je travaille (document sécurité) et en vert
celles existantes :
![]() | |
Nous voyons
assez rapidement que cette entreprise à une attitude scoliotique. La
prescription pour éviter que le diagnostic s'aggrave est simple : développer
les vertèbres manquantes (documents inexistants) pour avoir un dos droit
(maîtrise des risques assurée). Concernant
les risques professionnels, il ne faut pas seulement se limiter à des actions
de préventions, mais mettre en place des dispositifs de protection pour agir
sur le facteur gravité. Cela consiste à mettre en place des barrières tout le
long du scénario de risque aussi bien sur les évènements que sur leurs
enchaînements.
3.2. L'apport
du management socio-économique au programme de maîtrise des risques
professionnels
Certains
indicateurs et outils du management socio-économique peuvent idéalement intégrer
le programme de maîtrise des risques et participer à la réalisation d'actions
préventives, curatives et correctives. Nous pouvons préconiser la méthodologie
du projet d'innovation socio-économique pour une application du CHSCT. Ce type
de projet permettrait de développer la communication-coordination-concertation
(3C)[18] au sein
du CHSCT. Nous pouvons également faire intervenir la grille de compétences au
sein du CHSCT, afin de visualiser les compétences de façon synoptique,
d'analyser la polyvalence et de détecter les vulnérabilités de compétences pour
chaque domaine[19].
L'utilisation de cet outil socio-économique nous permettrait d'identifier
également, avec précision, le besoin de formation en santé, sécurité et
conditions de travail. Enfin, la remontée en Comité de Direction pourrait être
assurée par un tableau de bord de pilotage stratégique. Appliqué au management
des risques professionnels, il comporterait des indicateurs de suivi de
l'évaluation des risques, indicateurs quantitatifs (nombre de nouveaux risques
identifiés, nombre de risques bruts, résiduels), indicateurs qualitatifs
(évolution de l'aversion au risques) et financiers (évolutions des coûts de
survenances, de maîtrise et montant de l'ACB pour chaque risque ou famille de
risques, balances économiques des projet d'innovation du CHSCT).
3.3. Des
résultats socio-économiques
De plus, la rencontre du
management des risques avec le management socio-économique peut renforcer voir
accentuer la cohérence de l'entreprise et des acteurs avec les principes de
l'ISO 9001 (voir également l'annexe 3). Les décisions efficaces se fondent sur
l'analyse de données précises et d'informations pertinentes, ce qui est garanti
par une analyse des dysfonctionnements et des risques (Principe de l'approche
factuelle pour la prise de décision). L’humain constitue, à tous niveaux,
l'essence de toute entreprise. Une forte implication de sa part permet
d'utiliser ses aptitudes au profit de l'organisme. Là encore, les deux
processus placent en exergue le facteur humain dans la création de valeur
ajoutée (Principe de l'implication du personnel).
La capacité de l’entreprise à remettre périodiquement
en question ses pratiques pour gagner en efficacité, sans jamais dégrader les
modes de fonctionnement dont elle est satisfaite, est d'avantage assurée. Cette
remise en question peut tout à fait prendre l'aspect d'une analyse de risques.
Les modes de fonctionnement dont l'entreprise est satisfaite seront préservés
et intégrés au mangement socio-économique à travers les projets d'innovation
(Principe de l'amélioration continue).
Conclusion
La
synergie entre les management des risques et management socio-économique
permet-elle d'améliorer la perception des risques et donc la prise de décision?
Nous pouvons répondre suite à ce mémoire que l'apport réciproque d'informations
nouvelles que génère l'association des principes de coûts et performances
cachés aux principes de risques et opportunité professionnels, permet
d'améliorer les « savoirs » des acteurs, et donc agit sur leur
perception des risques. La prise de décision en sera alors améliorée, car
davantage fondée sur des éléments mesurables (rationnels).
Annexes
Annexe 1 : carte heuristique ou "mind
map"
Annexe 2 : retour d'expérience : accidents du travail - 2008 à 2013
Annexe 3 :
relations cycliques des processus d'amélioration continue, de management des
risques professionnels (IVTS) et d'innovation socio-économique
[1 et 2] Organisation Internationale du Travail (OIT) : http://www.ilo.org/global/topics/safety-and-health-at-work/lang--fr/index.htm
[3]Site de l'assurance maladie (http://www.risquesprofessionnels.ameli.fr/statistiques-et-analyse/sinistralite-atmp.html)
: Arrêté du 20 décembre 2013 modifiant
l’arrêté du 17 octobre 1995 relatif à la tarification des risques d’accidents
du travail et des maladies professionnelles et fixant les tarifs des
cotisations d’accidents du travail et de maladies professionnelles des
activités professionnelles relevant du régime général de la sécurité sociale
pour 2014 - Entreposage frigorifique. Code risque 63.1DA 4,10
[4] Henri Savall, Véronique Zardet,
Marc Bonnet, Libérer les performances
cachées des entreprises par un management socio-économique, BIT et ISEOR, 2008 (1ère édition en 2000), page 168
[5] Site de l'INRS (http://www.inrs.fr/accueil/demarche/role.html) : "L’employeur est seul responsable
de l’élaboration de ce document, même s’il en confie la réalisation à un chargé
de sécurité ou à toute autre personne qu’il estime compétente pour le faire.
Les représentants du personnel, le service de santé au travail ou tout
organisme (de conseil, de formation…) peuvent être sollicités pour aider à la
réalisation du document unique."
[6] Suzanne Bisaillon "Cadre théorique de la gestion
des risques. Des principes à l’application" présentation du 8 novembre
2012. Lien : http://medias.irsst.qc.ca/videos/1211_sc_co_HD_applicationTravail_pdf.pdf
[7] André Lannoy, "Maîtrise des risques et sûreté de fonctionnement : Repères historiques
et méthodologiques". Tec & Doc Lavoisier, Sciences du risque et du
danger, janvier 2008, p.2
[8] Criticité des risques : Facteur de vraisemblance donnant au risque une
intensité plus ou moins grande. Selon certaines méthodologies, la criticité est
le produit de la probabilité par l'impact du risque. Source : Trajectoire vers
un Entreprise Risk Management, Collection Maitrise des risques, AMRAE, janvier
2012, p 120.
[9] Coût caché :
coût qui ne sont pas repérés dans les systèmes d'information dont s'est dotée
une entreprise, tels que budget, compte de résultat, comptabilité générale,
comptabilité analytique, tableau de bord. H.SAVALL, V.ZARDET, M.BONNET "Maitriser les coûts et performances cachés",
Édition Economica, 2010, p 123.
[10] Henri Savall, Véronique Zardet, Marc Bonnet, Libérer
les performances cachées des entreprises par un management socio-économique,
BIT/ISEOR, 2ème édition actualisée, juin 2008, p164
[11] Voir les différentes enquêtes des Associations
Régionales pour l’Amélioration des Conditions de Travail (ARACT) et des
observatoires Régionaux de la Santé au Travail (ORST) montre que le document
unique n'est pas toujours appliqué, et quand il est, il est n'est pas toujours
exploité de façon à dégager une valeur ajoutée.
[12] Echelles d'évaluation : Outil de cotation qualitative des risques permettant
d'en obtenir un classement et d'identifier des zones de risques essentielles.
Cette cotation porte sur la fréquence, la gravité et parfois la maîtrise
estimée du risque. Source : Trajectoire
vers un Entreprise Risk Management, Collection Maitrise des risques, AMRAE,
janvier 2012, p 120
[13] Risque tolérable : Risque accepté dans un certain contexte, selon
des valeurs admises. Source : guide ISO/CEI 73 " Management du
risque - Vocabulaire - Lignes directrices pour l'utilisation dans les
normes"
[14] L'ACB est définie par Drummond comme la méthode qui
permet le calcul en termes monétaires des coûts et des résultats de chaque
action alternative. Elle permet une estimation de la valeur des ressources
dépensées par chaque programme en comparaison avec celle des ressources qui
pourraient être économisées ou créées. Drummond MF, O’Brien BJ,
Stoddart GL, Torrance GW. "Methods
for the Economic Evaluation of Health Care Programmes". Oxford: Oxford University Press; 2005. Cité dans :
Antonopoulou Lila et Targoutzidis Antonis, "Évaluation économique de la prévention pour la santé et la sécurité́
au travail : la pertinence de l'analyse coût-bénéfice", Santé
Publique, 2010/1 Vol. 22, p. 23-35.
[15] La grille GPSST de l'INRS est disponible à l'adresse
suivante:
http://www.inrs.fr/accueil/produits/mediatheque/doc/outils.html?refINRS=outil35
[16] Le besoin de sécurité consiste à
se protéger contre les différents dangers qui nous menacent. Il s’agit donc
d’un besoin de conservation d’un existant, d’un acquis. Il s’inscrit dans une
dimension temporelle. Maslow, A. H. "A
theory of human motivation". Psychological Review,1943, 370-396
[17] Module 1
: les bases en prévention
- Enjeux et valeurs, acteurs internes et
externes, accidents du travail et maladies professionnelles, risques
professionnels
- Module 2 :
initiation à l'évaluation des risques professionnels
- Objectifs,
méthodologie, identification et classement des risques - Module 3 : initiation à une méthode d'analyse
d'accident
- Faits et opinions, recherche et examen des faits, mise
en ordre des causes, recherche de solutions - Module 4 : initiation à l'analyse d'une situation de
travail
- Notions de base en ergonomie, méthodologie d'analyse,
charge physique et mentale. Lien vers
l'autoformation :
https://www.ead-inrs.com/spip.php?page=rubrique-contenu&id_rubrique=143&form=0
[18] Définition des 3C : ils font référence à trois niveaux d'échanges d'informations au sein
des organisations. La communication concerne tout type d'échange d'informations
à caractère professionnel ou non. La coordination est centrée sur les échanges
à caractère professionnel dans le but de réaliser une activité donnée. La
concertation signifie que les acteurs se sont mis d'accord pour réaliser un
objectif de manière synchronisée. Source : Henri
Savall, Véronique Zardet, Marc Bonnet, "Libérer
les performances cachées des entreprises par un management socio-économique",
BIT/ISEOR, 2ème édition actualisée, juin 2008, p163
[19] Henri Savall, Véronique Zardet, Marc Bonnet, "Libérer les performances cachées des
entreprises par un management socio-économique", BIT/ISEOR, 2ème édition
actualisée, juin 2008, p164
j'ai bien aimé cet article,et je profite de l'occasion pour solliciter votre aide sur la gestion des risques au sein des institutions universitaires privée
RépondreSupprimerBonjour, merci pour ce retour. Pour votre sollicitation, pouvez vous m'écrire un email (ou un MP sur LinkedIn) en me précisant votre besoin et je vous répondrais avec plaisir.
SupprimerCordialement,
Georges